Résumé
Le syndrome CINCA, récemment autonomisé, associe 3 signes essentiels :
-des signes cutanés avec une éruption maculo-papuleuse de type urticarien, très souvent présente dès la naissance et variable dans le temps ;
-une atteinte articulaire, d'expression variable pouvant induire des poussées articulaires ponctuelles ne laissant pas d'anomalie entre les crises, ou bien de façon imprévisible des anomalies au niveau du cartilage de conjugaison donnant un aspect pseudo-tumoral; la biopsie montre alors une désorganisation du cartilage avec une absence de cellules inflammatoires ;
-une atteinte du système nerveux central entraînant des céphalées. La pratique d'une ponction lombaire révèle dans presque tous les cas une méningite chronique avec des polynucléaires neutrophiles, parfois éosinophiles.
Le plus souvent, les enfants sont des prématurés dysmatures ; dans certains cas, une anomalie du placenta de type inflammatoire est reconnue. Ce syndrome évolue dans un contexte d'inflammation chronique, avec des poussées de fièvre d'intensité variable. La biologie montre un syndrome inflammatoire non spécifique avec une anémie, une hyperleucocytose à polynucléose, une hyperplaquettose, une accélération de la VS, et une augmentation des protéines de l'inflammation. Il n'existe ni auto-anticorps, ni déficit immunitaire.
Malgré sa rareté (une centaine de cas dans le monde), ce syndrome est de mieux en mieux reconnu par les pédiatres.
Des mutations du gène CIAS1 ont récemment été mises en évidence. Ce gène est presque exclusivement exprimé sur les polynucléaires et les chondrocytes.
Nom de la maladie et ses synonymes
Le syndrome CINCA (Chronique Infantile Neurologique Cutané et Articulaire). En Amérique du Nord, il est appelé NOMID (Neonatal Onset Multisystemic Inflammatory Disease).
Critères diagnostiques / Définition
Le syndrome CINCA est un syndrome récemment autonomisé. Ce syndrome associe 3 signes essentiels :
1 - Des signes cutanés sous forme d’une éruption maculo-papuleuse de type urticarien, qui varie dans le temps et qui est très souvent présente dès la naissance.
2 - Une atteinte articulaire, d’expression variable. Parfois, il s’agit simplement de poussées articulaires ne laissant pas d’anomalie articulaire entre les crises. Dans d’autres cas, surviennent de façon imprévisible au cours de l’évolution, des anomalies essentiellement cartilagineuses au niveau du cartilage de conjugaison notamment, donnant un aspect pseudo-tumoral et au niveau duquel la biopsie montre une désorganisation du cartilage et l’absence de cellules inflammatoires.
3 - Une atteinte du système nerveux central qui se démasque au fil du temps entraînant des céphalées, parfois des signes neurologiques conduisant à la pratique d’une ponction lombaire. Il existe dans presque tous les cas une méningite chronique avec des polynucléaires neutrophiles, parfois éosinophiles. Le plus souvent, les enfants naissent prématurément et sont dysmatures.
Dans certains cas, il est reconnu une anomalie du placenta de type inflammatoire. Ce syndrome évolue dans un contexte d’inflammation chronique, avec des poussées de fièvre d’intensité variable. La biologie montre un syndrome inflammatoire non spécifique avec une anémie, une hyperleucocytose à polynucléose, une hyperplaquettose, une accélération de la VS, une augmentation des protéines de l’inflammation.
Il n’existe aucun auto-anticorps, et aucun déficit immunitaire n’a jusqu’à présent été retrouvé.
Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel est celui de toutes les fièvres éruptives chez l’enfant. La maladie de Still est très différente, ne débutant pas dans la période néonatale, mais généralement après l’âge de 6 mois. Le syndrome avec hyper IgD est également cliniquement différent, ne s’accompagnant pas de signe d’atteinte neuro-méningée. Le diagnostic de cette dernière affection est actuellement plus facile, puisqu’il existe un déficit en mévalonate kinase(MK) qu’il convient de rechercher au moindre doute.
Ce déficit est lié à une mutation du gène de la MK, présent dans environ la moitié des cas. Les autres fièvres périodiques sont à discuter en fonction du contexte clinique fièvre méditerranéene familiale,en particulier. Une fièvre prolongée peut aussi être due à la présence d’une tumeur, le plus souvent bénigne, sécrétant des cytokines pro-inflammatoires et dont l’extirpation entraîne la guérison.
L’archétype en est le syndrome de Catelmann dans sa forme monocentrique. Le syndrome de Marshall, très fréquent en pédiatrie, consiste en la survenue de poussées de fièvre brutale, parfois précédés de frissons, associant le plus souvent aphtes, adénopathies, pharyngite. Un syndrome inflammatoire biologique est présent au moment des poussées de fièvre qui durent en général 4 à 6 jours. Les épisodes fébriles se renouvellent de façon stéréotypée toutes les 2 à 6 semaines, avec un intervalle complètement asymptomatique, et la disparition des signes biologiques inflammatoires.
Deux autres syndromes sont à rapprocher du CINCA: l’urticaire familial au froid (UFF) et le syndrome de Muckle-Wells (SMW). Ces 2 syndromes sont caractérisés également par la présence d’une mutation sur le gène CIAS1 dans environ la moitié des cas. Leur expression clinique est différente. L’UFF se manifeste par des poussées d’urticaire à l’exposition au froid avec parfois de la fièvre, des arthralgies. Le SMW associe éruption, poussées de fièvre, parfois arthrites transitoires, surdité apparaissant au cours de la 2ème enfance (au delà de 18 mois), risque d’amylose secondaire. Du fait des anomalies génétiques présentes sur le même le gène, les frontières nosologiques entre ces trois syndromes sont discutées, même si l’aspect clinique les différencie le plus souvent.
Frequence
Malgré sa rareté (une centaine de cas dans le monde), ce syndrome est de mieux en mieux reconnus par les pédiatres.
Modes de prise en charge incluant les traitements
Le traitement est décevant. Des anti-inflammatoires non stéroïdiens sont indiqués, une corticothérapie peut être nécessaire, à condition de l’administrer de façon aussi peu nocive que possible. Les traitements de fond, les immunosuppresseurs n'ont pas fait la preuve de leur efficacité. Des injections d’immunoglobulines intraveineuses doivent être évitées dans la mesure où elles peuvent entraîner une réaction méningée importante
Etiologie
Des mutations du gène CIAS1 qui code pour la cryopyrine ont récemment été mises en évidence. Ce gène est presque exclusivement exprimé sur les polynucléaires et les chondrocytes.
Conseil génétique
Généralement, tous ces cas sont sporadiques. Parfois, il existe une atteinte familiale de transmission verticale, de type dominant autosomique.
Diagnostic prénatal
Il n’y a pas de diagnostic prénatal.
http://www.orpha.net/data/patho/FR/fr-cinca.pdf